vendredi 14 août 2020

La Norvège et le cap nord en RF5 (août 2020)

Préparatifs


Le 2 août 2020, un peu sur un coup de tête, je décide de partir me promener en Norvège avec mon RF5. 

Dans l'idée de revoir des endroits que j'avais vu lors d'un road trip en plein mois de Décembre, de m'amuser dans les fjords et d'aller voir le cap nord.

Les préparatifs consistent essentiellement à regarder le site Re-open EU du fait des restrictions pour le COVID, dans le cas de la Norvège le plus simple consiste à passer par l'Allemagne et le Danemark à l'aller, et éviter la Suède (sinon c'est 10 jours de quarantaine une fois arrivé en Norvège).


Lundi 3 août 2020 : de Bédarieux à Bremen


Le lendemain, je charge le RF5 avec ma gyroroue, le réservoir supplémentaire, le matériel de camping, le sac à dos et c'est parti pour la première étape.

Un décollage de Bédarieux (LFNX) un peu trop tardif ne permettra sûrement pas d'atteindre le Danemark le premier jour, les ambitions sont limitées. 

Je décide de faire un arrêt à Dijon Darois (LFGI) ou du SP95 est disponible via CB pour faire le plein et par la suite un second arrêt à Dahlemer Binz (EDKV), en Allemagne, près de la frontière avec le Luxembourg, ou de l'essence auto est également disponible.

Pour gagner du temps, je dépose le plan de vol pour le tronçon LFGI - EDKV alors que je suis en vol de Bédarieux vers Dijon, grâce à EuroFPL.

Il y a du vent de face, et c'est après 3 heures de vol que je retrouve à Dijon Benoît d'Air Projet, qui m'a acheté un sandwich, merci à lui, fait le plein et c'est reparti.

Je survole le Luxembourg, les contrôleurs aériens me demandent juste d'assurer la séparation visuelle avec un gros au décollage, et poursuis mon transit vers la frontière allemande.

Approchant Dahlemer Binz, la visibilité devient médiocre avec de la pluie, ce qui m'oblige à réduire ma vitesse (l'hélice n'aime pas tourner trop vite sous la pluie). La couche est assez basse, et c'est un problème car il y a beaucoup d'éoliennes dans ce secteur.

Le GPS est d'une grande aide pour trouver la piste dans ces conditions, je repère ainsi assez facilement le terrain. J'ai le contact radio avec l'agent AFIS (ou son équivalent allemand) qui, lui, ne me voit pas et allume tout ce qu'il peut sur le terrain: la piste, un phare en haut de la tour, etc.

Je me pose finalement sans encombre après 2h30 de vol, j'en profite pour remettre de l'essence tandis que le RF5 continue de se faire laver par la pluie, et commence à envisager les options: pas d'hôtels dans les parages, mais camping possible, ça risque d'être aussi un peu compliqué pour trouver à manger.

Je décide d'attendre l'évolution de la météo, elle finit par s'améliorer et je ressens l'appel d'une nuit à l'hôtel, du coup je décide de redécoller pour m'avancer vers Dortmund dans un premier temps.

Au décollage, le RF5 chargé et mouillé peine à monter, mais passe tout de même au dessus de la ligne électrique en bout de piste, j'ai quand même un peu serré les fesses.

En vol, je décide finalement de pousser jusqu'à Bremen (EDDW) qui présente l'avantage d'être vraiment tout près de la ville.

Petite vérification des NOTAM, et je tombe là dessus:

VFR restriction will take place for international airports. Following airports are affected: EDDW, EDDV, EDDG, EDDN, EDDC and EDDE.
VFR flights should avoid airspace D CTR for international airports and VFR flights are restricted to the absolute minimum due to health and safety covid-19 measures implementation. Expect delay for ATC-clearances for entering or leaving airspace D CTR or expect ATC-clearances only for VFR flights flying directly from and to an airport within the CTR. Following flights are exempted: emergency, SAR and humanitarian flights, government flights, military flights, police flights.

 Instant de doute, je demande par radio au SIV Allemand ce qu'il en pense: comme je m'en doutais, c'est un NOTAM parapluie et passer la nuit à Bremen ne devrait poser aucun problème.

Me voilà donc posé à Bremen après un dernier vol de 2h30, et une journée de 8 heures de vol en trois étapes.

C'est un aéroport international avec pas mal de maquettes autour, des centres de formations, simulateurs, etc. L'hôtel (Best Western) est à 5 mn à pied, et la ville accessible en tramway ou, dans mon cas, en gyroroue via une piste cyclable.

La ville est jolie, c'est plus agréable de boire une bière en terrasse ici que d'attendre la fin des intempéries sous une tente à Dahlemer Binz !


Mardi 4 août 2020 : de Bremen à Trondheim


Après une bonne nuit de repos, passons aux choses sérieuses, maintenant l'idée c'est de rejoindre la Norvège.

La météo est incertaine sur la partie sud ouest de la Norvège, et il est plus simple d'utiliser à l'arrivée un des aéroports internationaux norvégien (les formalités se réduisent alors à un dépôt de plan de vol, pour un aérodrome "classique" il faut envoyer un mail aux douanes norvégiennes à l'avance).

Je décide donc de faire une étape au nord du Danemark, à Aalborg (EKYT), puis de charger le réservoir supplémentaire afin d'avoir des possibilités en cas de météo capricieuse, et de viser ensuite directement Værnes (ENVA), l'aéroport de Trondheim.

Je pose le plan de vol pour Aalborg pendant le petit déjeuner, toujours via EuroFPL, et prépare celui pour Trondheim que je validerais via la 4G en approchant d'Aalborg.

Me doutant que le coût des services à Bremen ne serait pas donné, je ne remet pas d'essence et m'en tire pour 47.79 € pour un décollage, un atterrissage, 2 trajets en navette et une nuit sur place. Ce sera les frais aéroportuaires les plus élevés du voyage, mais l'hôtel, très confortable, n'aura lui coûté que 70 euros avec le petit déjeuner.


Avant le décollage, je dégaine ma trousse à outils pour la classique visite prévol que je fais avant chaque grosse journée de vol.


Elle comprend en particulier la vérification du jeu des culbuteurs, qui peut bouger pas mal en une dizaine d'heures sur ce moteur. Ça fait un peu tiquer l'employé allemand, mais après lui avoir expliqué il ne m'embête pas.


Vue du parking après le décollage, en effet il n'y avait pas beaucoup d'aviation générale ce jour là. COVID oblige, peut-être.


En route vers le Danemark, les paysages commencent à devenir plus sympas.


Il y a toujours des éoliennes, mais si elles posaient problème la veille sous la pluie avec un plafond bas et une mauvaise visibilité, aujourd'hui ce n'est plus un problème.


Survol de Kolding. 

Les contrôleurs Danois sont très aimables et coopératifs, en restant relativement bas je n'ai rien à contourner.


Après 3 heures de vol, escale à Aalborg comme prévu. Si l'AVGAS (par automate CB) est à plus de 2 € le litre, les agents de handling sont très accueillants, le café est gratuit et je n'en aurait que pour 11,75 € de frais aéroportuaires pour l'escale.


Avec les bagages et le réservoir additionnel, la longue piste permet un décollage en toute sérénité malgré les performances limitées du RF5, mais il y a un peu de trafic militaire au départ.

Cap au nord, petite traversée maritime, et arrivée en Norvège. Il reste maintenant à rejoindre Trondheim.


Il pleut beaucoup en Norvège et ça se voit. 

Je rencontre quelques averses après avoir passé le travers de Fagernes (ENFG), avec des petites cellules noyées dans une couverture nuageuse uniforme. La couverture 4G parfaite et le radar météo de Windy sont une bonne aide pour les éviter.


Après 5 heures de vol, j’atterris comme prévu à Værnes. En courte finale, pour laisser passer un avion de ligne, le contrôleur me propose d'effectuer deux 360° de retardement, plus pratique que faire un autre circuit et plus opérationnel.

L'ATC Norvégien aura été top sur tout le voyage.


Værnes comme sur quasiment tous les terrains gérés par Avinor, on s'en sort pour vraiment pas cher grâce au weekly pass: un paiement de 88,35 € et c'est mouvements, parking et navettes illimitées pendant une semaine. Vraiment top pour visiter, en plus il y a un réel service.

C'est encore une journée à 8 h de vol, et je décide d'aller me reposer dans l'hôtel le plus proche de l'aéroport: je connais déjà Trondheim, la ville est assez loin et c'est demain que les choses sérieuses commencent.


Mercredi 5 août 2020 : de Trondheim à Tromsø


Aujourd'hui il fait grand beau, et je décide de commencer par rallier Bodø (ENBO) pour refueller, puis les îles Lofoten, et aviser ensuite.


S'il fait grand beau, il y a comme souvent à Trondheim un vent de travers de 15-20 kts qui est toujours un peu compliqué avec le train monotrace du RF5, surtout quand la machine est bien chargée. Mais une fois en l'air, le Fournier est dans son élément.


Avec le beau temps c'est un plaisir de découvrir des paysages magnifiques.


Sur ce trajet, je ne reste pas au fond des fjords tout le temps mais alterne fjords et plateaux.


Je ne résiste pas à un petit passage à Stokka (ENST).


Approchant de Bodø, je décide de monter un peu pour profiter de nouveaux paysages.


Comme partout en Norvège, il y a sur la route des centrales hydroélectriques.


Après 3h de vol depuis Trondheim, me voilà en finale à Bodø (ENBO). 

Le terrain dispose d'un l'automate qui distribue de la 100LL via CB.

Je ne me suis pas arrêté plus car je connaissais déjà la ville, que j'ai visité lors d'un road-trip (comme les îles Lofoten d'ailleurs). Pour ceux qui ne connaissent pas, le musée de l'aviation (sur l'aéroport) vaut le détour.


Après avoir fait le plein, je survole la ville de Bodø : cap sur les îles Lofoten, et le terrain de Leknes (ENLK).


Terre en vue! Il y a une petite couverture nuageuse, ce qui limitera les vols touristiques dans le secteur.


Atterrissage à Leknes après 45 minutes de vol.


Encore une fois, peu de monde sur le terrain.

Comme c'est un petit terrain, c'est beaucoup plus facile d'entrer et de sortir de l'aérodrome, pas de formalités à passer. Je saute sur ma monoroue pour aller prendre un café en ville et réfléchir à la suite de la journée.


Je décide de rallier Tromsø en restant bas dans les fjords. Cette route peut être suivie même avec moins de 500 ft de plafond, il n'y a aucune ligne électrique.


Je commence par rejoindre la côte ouest des îles Lofoten.


C'est très sauvage, je ne vois même pas où on pourrait poser un hélicoptère. Et pourtant les norvégiens ont réussi à faire des constructions.


Lac près d'Eggnum. J'avais visité cet endroit du sol en plein mois de Décembre lors d'un road trip.


Les traversées d'étendues d'eau désertes, avec peu de bateaux et de constructions c'est quelque chose que j'ai particulièrement aimé, on se sent un peu seul au monde et c'est super reposant.


J'avise le raccourci (trou dans la montagne), et remonte un peu, forcément, je n'aillait pas laisser passer cette opportunité.


L'objectif du jour approche, Tromsø se cache derrière le relief.


Arrivée à 500 ft à Tromsø, je finis par capter la tour (et même l'ATIS !) alors que le terrain était encore masqué par plusieurs reliefs. 

Ils ont tout prévu, sur l'arrivée ANSES / RYA ils ont du mettre des répéteurs.

Je me pose sans encombre après 2 h de vol: moins de 6 heures de vol aujourd'hui, c'était une petite journée.


Widerøe dessert de nombreux "petits" terrains norvégiens avec sa flotte de Dash 8, et notamment mon objectif du lendemain: Valan (ENHV), le terrain d'Honningsvåg, au cap Nord.

Pour l'heure, après avoir garé le Fournier, c'est un ride de 20 minutes de monoroue qui m'amène à la ville de Tromsø, de l'autre côté de la colline. La Norvège est super pour ça, il y a de longue piste cyclables partout. 

Quand ils font une 2 x 2 voies ils font une piste cyclable qui permet d'aller aux mêmes endroits avec des ponts et des tunnels, on peut arriver d'un côté ou de l'autre de la route sans mettre un pied sur la chaussée.


Le port de Tromsø

Jeudi 6 août 2020 : en route pour le cap Nord


Aujourd'hui, l'objectif est de rejoindre Valan (ENHV), et ensuite d'aller voir le cap Nord.

Ensuite, il va falloir aviser, car une perturbation doit remonter en milieu d'après-midi.

Pour l'heure c'est couvert à 300 ft à Valan, mais le temps que j'arrive les probabilités qu'il fasse beau sont élevées.


Décollage de Tromsø. 

La 100LL est peu dispo dans le Nord après Tromsø. Il faut une carte Air BP, passer par l'appli Rocket Route, ou d'autres trucs compliqués. 

Vu la météo, je charge le réservoir arrière histoire d'avoir de l'autonomie. J'ai l'impression de décoller un bombardier, compensateur bien en avant, mais ça finit par monter.


C'est parti pour 2 heures dans les fjords en direction du cap Nord.


On voit qu'on arrive dans la partie plus reculée de la Norvège.


Il y a quand même pas mal de parcs à saumons, les tuyaux je suppose que c'est pour leur envoyer à manger!


Je passe à côté d'Alta (ENAT) et Hammerfest (EHMF), mais dans un décors pareil... De toute façon je ne capte plus Norway control. 

Je descend et choisit la voie du zen sans radio. Bon moment de relaxation seul au monde dans un paysage magnifique. J'aurais plusieurs fois ce sentiment lors du voyage, rien que pour ce sentiment ça vaut le coup de faire le voyage.


Au loin (on distingue les nuages bas), la terre promise : le cap nord.


Survol du cap nord avant de rejoindre le terrain de Valan.


Atterrissage à Valan (ENHV) après 2h10 de vol. 

J'ai fait une vidéo de l'atterrissage qui permet de voir un peu le niveau d'équipement des petits aérodromes norvégiens, le balisage lumineux est omniprésent et peut être une bonne aide par mauvaise visibilité.

Le vent est sud pour 10-12 kts (plein travers), et la piste descend vers l'ouest. Je me pose dans le sens de la descente, ce qui permet d'éviter les turbulences importantes liées au relief à l'ouest de la piste.

Au décollage, les locaux décollent dans l'autre sens pour la même raison, mais avec le RF5 chargé je ferrais le choix de décoller dans le sens de la descente, et effectuer un virage à 90° avant le bout de piste : je pense que ça marche mieux avec ce type d'appareil peu motorisé.


C'est parti pour le cap Nord... 32 km avec ma gyroroue que je n'avais pas chargé à fond. 

C'était ça ou le taxi, je décide de jouer. Le retour va être tricky, d'autant que j'allume un peu avec une moyenne autour des 38 km/h, et que ça monte pas mal.


Arrivé au cap Nord avec ma fidèle monture. RF5 et gyroroue: le duo gagnant, une belle économie!


J'entame le retour avec 28% de batterie restante. 

Fini de jouer, conduite à l'économie. La moyenne descend, 1h15 pour rentrer au terrain, ou j'arrive avec 2% de batterie. 


L'aérodrome est en vue... Ça commence par descendre mais après il y a encore pas mal de plat à faire.


Je ne sais pas encore ou je vais me poser ce soir, je demande au pompiers de charger un peu le temps que je prépare l'avion et regarde la météo. Je redécolle avec 8%.


La perturbation avance comme prévu. 

Je prévois de tenter Bodø, si je peux passer au dessus ou éviter le gros du grain. Principalement car la ville est juste à côté de l'aérodrome, vu ce qu'il me reste comme batterie sur la monoroue... 

Le truc en vue, impossible de passer au dessus. J'avance un peu dessous, ça passerait sans problème sous 500-1000 ft avec souvent des visi sup à 5km MAIS... il faut faire plus de 300 km sous la pluie, plus ou moins forte, et je n'aime pas trop car je vole à 3000 RPM en général, l'hélice n'aime pas, du coup sous la pluie je réduis à 2400 environ, et je n'avance plus, surtout avec 15-20 kts de face. 

Du coup ça sera Tromsø une fois de plus. 

Posé après 2h45 de vol, je demande directement au pompiers/agents de handling de charger la gyroroue sur une borne utilisée pour alimenter les liners et c'est parti pour un ride vers Tromsø à petite vitesse. Arrivé à l'hôtel, 0% restant. Mais c'est passé!


Conditions VFR marginal à Tromsø.

Encore une petite journée avec juste 5 h de vol, mais demain une grosse journée est prévue: un vol sans escale à destination de Kristiansund.


Vendredi 7 août 2020 : de Tromsø à Kristiansund


Un des objectifs de ce voyage en Norvège, c'était aussi de rencontrer Vidar, propriétaire d'un RF5 (le seul de Norvège) basé à Bergen.

Pour ça, il faut remettre le cap au Sud. Je décide de rejoindre d'une traite Kristiansund (ENKB) depuis Tromsø, mais en faisant beaucoup de tourisme.


Je commence une descente par les fjords en directions de Bodø, en suivant un chemin plus à l'est qu'à l'aller (j'étais monté via les îles Lofoten)



La météo est excellente, et permettra plus tard au Fournier de profiter de l'aérologie.


Suivre les fjords, c'est rigolo, mais en fait on peut aussi assez souvent passer d'un fjord à l'autre en restant sous 1000-1200 ft. 

Il suffit de passer par des lacs légèrement plus hauts que les fjords, qui se déversent dans 2 fjords à la fois. 


Ce qui donne des supers belles images comme ça quand on arrive au lac.


On voit sur la carte deux passages consécutifs d'un fjord à un autre.

J'ai fait une vidéo qui montre à quoi ça ressemble (comme d'habitude en Norvège il faut faire très attention aux lignes électriques et se garder la possibilité de faire demi-tour).


Arrivé à l'est de Bodø, le bon sens voudrait que je me remette sur la route pour Kristiansund. 

Sauf que... Non. J'ai déjà fait plus ou moins cette route à l'aller. 

Je prends la route des montagnes, ce qui fait pas mal de détour. J'ai pris cette route (alors qu'elle était couverte de glace) lors de mon road trip, c'est facile: route, rivière et voie ferrée sont à peu près par le même chemin, ça monte par contre et il faut composer avec les performances du Fournier.


Survol de l'arctic circle center, passage du cercle polaire arctique vers le sud. 

Quand j'y étais allé, tout était fermé, il y avait 3 m de neige, et il faisait nuit noire.


Ça change des fjords.


Après être passé par le terrain de Røssvol, je passe la ville de Mo I Rana (l'escale quand on fait Bodø - Trondheim par la route), profite un peu des ascendances, puis retourne dans les fjords jusqu'à ma destination: Kristiansund.


Atterrissage à Kristiansund (ENKB) après 6 heures de vol consécutives.


Kristiansund


Samedi 8 août 2020 : de Kristiansund à Bergen en évitant le front


Après une bonne nuit, réveil à Kristiansund et coup d’œil à la météo... C'est pas joli-joli. Un front assez actif remonte rapidement du Sud (Stavanger, Bergen) et devrait arriver sous peu.

Petit déjeuner rapide et en route pour l'aérodrome, il faut réussir à décoller avant que les conditions ne soit trop mauvaises.


Problème, pas d'Avgas à Kristiansund. Je me pointe donc au PIF avec un jerrycan souple de 30L de SP98 et ma monoroue, ça passe crème en fait. 

Je n'ai pas le temps de faire des aller-retours, mais ça me permet d'avoir assez pour aller faire le plein à Trondheim, car Kristiansund ne vas pas tarder à connaître orages et rafales violentes.


Je choisis donc de reculer (aller à Trondheim), pour mieux sauter. 

C'est une décision en partie à cause de l'essence, mais aussi parce que si je mettais le cap directement sur Bergen en évitant le front (même si j'avais assez d'essence) c'est possible que j'arrive trop tôt et que le mauvais temps soit encore sur Bergen. 

15 mn après mon décollage Kristiansund passe complètement en IMC. 

Je me pose à Trondheim après 1 h de vol et charge 7 h d'autonomie avec le réservoir supplémentaire pour avoir des options en fonction de la météo.

En attendant que la perturbation se rapproche de Trondheim, j'en profite pour récupérer à manger et poser un plan de vol (obligatoire pour Bergen) via le site d'Avinor, ce qui me permet d'éviter de taper dans mes crédits EuroFPL.

Mais le ACK tarde à arriver, la perturbation avance plus vite que prévu, du coup je repose avec EuroFPL, tant pis, il faut décoller avant qu'elle soit sur le terrain.

Il faudra encore 20 mn pour rejoindre l'avion, et là l'orage arrive! Evidemment je veux décoller avant l'heure prévue sur le plan de vol (1 heure après l'heure de dépôt minimum pour qu'il soit accepté).


Mise en route, le contrôleur a été top, les échanges: 
- ...for VFR flight to Bergen 
- D-KLOR confirm negative FPL? 
- Actually there is a FPL, but probably it's not yet in the system, I just would like to take off immediately due to weather conditions. 
- D-KLOR taxi holding point RWY 27 

Puis on s'est occupé du reste pendant le roulage. 

Décollage avec 35 kts de face, le RF5 est en l'air instantanément. 

Demande de prise de cap vers le Sud pour sortir de la CTR, pour la première fois j'ai du afficher 80° de correction de dérive... 

J'étais autorisé "2500 ft and below", sorti de la CTR en front d'orage je ne peux pas maintenir l'altitude, même tout réduit je monte à environ 2000 ft/mn et ne veut pas trop accélérer, je l'explique à l'ATC qui me répond "Altitude at your discretion", je ne suis pas conflictuel avec les gros à cet endroit.


10-15 mn après mon décollage le METAR est mis à jour, j'ai décollé juste à temps, je n'aurais pas aimé laisser le RF garé dehors avec ces conditions.


Je pars vers le Sud / Sud est pour éviter le front, ensuite je remettrais le cap vers l'Ouest / Sud Ouest pour rejoindre Bergen, là ou les cellules sont moins actives. 

Pas mal de gros demandent aussi des évitements. 

Une autre stratégie aurait été de laisser l'avion bien attaché à Trondheim ou Kristiansund et de laisser passer le front puis décoller après, elle est tout à fait valable aussi.


On voit la route suivie. 

Ça fait pas mal de détour, hors je suis sous FPL... Ce qui veut dire que j'ai posé une estimée, même si j'ai beaucoup d'endurance... 

Je pense que vous voyez venir la grosse bourde!


Dégagé des cellules, je descends dans les montagnes du côté de Bismo et entame la descente vers Sognefjord. 


C'est un de mes meilleurs souvenirs de Norvège, j'ai pu faire une vidéo même si je n'avais pas la caméra sur l'aile (pas le temps vu le décollage rapide de Trondheim).

Par contre, évidement, dans le relief, je ne capte plus Norway control et mon transpondeur n'est plus interrogé. 

J'arrive dans la TIZ/RMZ de Haukasen, je vois que mon transpondeur est interrogé à nouveau et BASCULE sur leur fréquence, alors que j'avais déjà affiché la fréquence du prochain secteur de Norway control, et j'oublie d'activer le dual watch... 

Grosse bourde! 

Haukasen est inactif à cette heure par NOTAM, je fais de l'auto-info. 

En sortie de secteur, surprise, l'AFIS m'appelle... Il avait été renvoyé au boulot par le contrôleur en route pour me demander de repasser avec eux pour prolonger mon FPL pas loin d'expirer (ils me voyaient au secondaire, ça a suffit à me tranquilliser). 

L'AFIS a du apprécier d'être dérangé par ce genre de connerie! 

Alors qu'il aurait suffit que j'appuie sur le dual watch... Bref bourde à la con.


Je poursuis le vol jusqu'à Bergen (ENBR), m'y pose après 4h30 de vol et retrouve Vidar et l'unique Fournier de Norvège (à part le mien). 

Son RF5 est superbe, en parfait état.


Vidar, super gentil, m'offre à manger, puis c'est parti pour une promenade tardive à deux Fourniers au dessus de la ville de Bergen.


Même en Norvège, le soleil commence à approcher de l'horizon, et il faut finir par se poser.


Posé après une heure de vol, cette fois c'est à bord de la Tesla de Vidar que ma monoroue et moi rejoignons Bergen un peu après minuit, c'est très animé le samedi soir.

La ville est sympa, il fait beau, je décide d'y passer deux nuits et de profiter un peu de la ville et des environs.


Dimanche 9 août 2020 : Bergen du sol et des airs, une petite balade vers Flåm

Après un réveil tardif (le premier depuis le début du voyage!) je saute sur la gyroroue pour monter à Fløyfjellet. C'est une petite montagne au nord est du centre de Bergen, avec un funiculaire électrique, qui offre des possibilités de jeux, balades, et une jolie vue sur Bergen.


Avec cette belle météo le panorama est en effet sympa.


Il y a aussi un petit lac


Des jeux pour les enfants de vraiment haut niveau, qui me rendent super jaloux.


Ensuite je redescend pour une balade dans la ville


Comme dans beaucoup de villes les églises sont assez jolies

C'est très reposant de ne pas voler, mais à la fin de l'après-midi, je ne peux pas me retenir et je pousse jusqu'à l'aéroport de Bergen Flesland. Il est un peu éloigné du centre ville, mais j'y suis en 1h de gyroroue par la piste cyclables.


Je profite du trajet pour envoyer mon FPL avec le site d'IPPC, qui marche cette fois, du coup je peux décoller aussitôt arriver à l'aéroport (le COVID doit aider aussi...)


C'est parti pour un survol du centre ville


Puis retour à Fløyfjellet, où j'étais en début d'après-midi


Ensuite je m'engouffre dans les fjords en direction de Flåm. Avec le soleil dans le dos c'est facile de détecter les lignes électriques.


Il faut quand même rester toujours vigilant car certaines peuvent être haut et pas balisées. Ouvrez la photo et regardez attentivement si vous ne la voyez pas....

Le plus sur c'est peut-être de voler à la hauteur des bateaux.


Arrivé au bout du fjord je poursuis la montée dans les montagnes le long de la rivière.


Il faudra faire un peu de vol à voile et s'appuyer sur les reliefs pour aider le Fournier à monter jusqu'à Flåm


Retour par un autre fjord, et me voilà déjà au parking aviation générale de l'aéroport de Bergen Flesland ou sont garé de vieux avions de peu d'intérêt


D'autres trônent fièrement près du hangar de Vidar

C'est ensuite l'heure de rejoindre l'hôtel, demain devrait être mon dernier jour en Norvège: mon weekly pass expire!


Lundi 10 août : Stavanger, Kristiansand, et retour au Danemark

Après avoir dit au-revoir à Vidar, je décide de commencer par me rendre à Sola (ENZV), l'aéroport de Stavanger, en passant par la centrale hydroélectrique de Sauda où je travaille et en allant voir Pulpit Rock (ou Preikestolen), sûrement l'endroit le plus connu de Norvège.


Je choisis de faire l'aller jusqu'à Sauda en basse hauteur, puis de monter pour revenir ensuite dans le fjord de Preikestolen par le haut.


En route vers Sauda je passe sur un chantier d'assemblage de plateformes pétrolières


Je fais la course avec un bateau, il ne peut pas lutter contre les 80 CV du RF5


Avant Sand il faut monter un peu pour atteindre le fjord de Sauda, évidement encore une ligne


On voit la route qui longe le fjord pour remonter jusqu'à Sauda. La première fois que je suis venu, suite aux pluies la route était complètement inondée et bloquée.

Et pourtant on est dans la partie "peuplée" de la Norvège!


La ville de Sauda est au bout du fjord. Quand la route est bloquée, si c'est l'été, des ferrys (quelques uns chaque semaine) font le trajet. 

C'est aussi possible de se poser en hydravion. 

L'hiver, ça gèle est c'est possible sur skis.


Vue de la centrale de Sauda, la conduite forcée qu'on voit est l'ancienne et n'est plus utilisée. 

La centrale est maintenant à 1 km sous la montagne droit devant, entièrement souterraine.


Sauda, à part la centrale électrique, c'est aussi une usine de production de manganèse qui appartient à Eramet, un groupe français.

A part ça, bon, il n'y a pas grand chose à faire à Sauda, mais c'est joli ;)


La centrale est alimentée par tout un réseau de lacs que je monte voir


Ensuite, direction Stavanger et Preikestolen


Même un lundi il y a du monde


Et bien sur je me fais spotter ;)


Survol de la ville de Stavanger


Atterrissage à Sola, essence (toujours de la 100 LL disponible via CB) après un vol de 2h15.

J'en profite pour déposer un plan de vol Kristiansand (ENCN) - Billund (EKBI), à cause du passage de frontière.

Ensuite, la GoPro n'a pas marché, donc pas de photos du tronçon jusqu'à Kristiansand (ENCN)


Je partage quand même la route suivie car c'est vraiment sympa à faire, on peut suivre la rivière très bas jusqu'au terrain.

Contact radar au dernier moment, mais je pouvais quand même indiquer ma position en VHF donc j'ai eu ma clairance car la rivière débouche dans la CTR, je me pose sans encombre après un vol de 1h30.


Enfin un peu d'aviation légère à Kristiansand! Le Fournier se sent moins seul.

L'automate refusera ma CB.

Attention, là ça allait, mais si vous comptez passer une nuit ou plus à Kristiansand c'est bien de passer un coup de fil, les places de parking sont limitées.


Décollage et cap au Sud... Bye la Norvège ;( ou à bientôt plutôt, car je pense clairement revenir en avion léger.


Arrivée au Danemark, c'est le traumatisme! Un pays plat à perte de vue!!

En vrai c'est joli quand même, mais le relief me manque déjà.


Atterrissage à Billund (EKBI) après un vol de 1h30.

Au final une petite journée avec seulement 5h15 de vol.


En sortant de l'aéroport, le comité d'accueil !


Car Billund c'est la capitale des Lego avec Legoland, Lego house, leur centre d'ingénierie... Après c'est un peu comme Sauda, à part ça c'est 4 000 habitants ;)

Hélas je dois décoller assez tôt le lendemain pour rentrer à Bédarieux avant la nuit, donc je n'aurais pas la possibilité d'y aller... Une autre fois.


Mardi 11 août : de Billund à Bédarieux

Je prévois de faire Billund - Chambley (LFJY) pour remettre de l'essence, puis ensuite Chambley - Bédarieux (LFNX), ce qui fait une grosse journée.

Les températures n'ont rien à voir avec la Norvège, c'est la canicule partout après le Danemark, les moteurs chauffent et il va falloir voler plus haut, ce qui risque d'être ennuyeux car le RF5 n'est pas vraiment fait pour ça.

Je m'en tire pour 13,43 € de frais aéroportuaires pour un atterrissage, un décollage à Billund et une nuit sur place. Le parking pour les avions est 10 fois moins cher que pour les voitures au parking de Legoland, juste derrière l'aéroport.


Décollage vers 10 h, montée pour se mettre au frais, et c'est le début de l'ennui. Un vol tout droit de 5h à plus de 3 000 ft après une semaine passée à zizaguer dans les reliefs... 

Je réfléchis à investir dans un ANR avec Bluetooth pour remplacer mon casque.


Au large de l'Allemagne (un peu après Slyt)


Atterrissage à Chambley après un peu plus de 5 h de vol.

Il fait 38°C et heureusement je trouve à remplir ma bouteille d'eau.

Le retour en France, c'est aussi la joie de retrouver les réglementations stupides, et en particulier la clôture obligatoire par téléphone des transfrontaliers avec un serveur vocal qui ne marche pas... Quand on revient de Norvège on trouve ça désolant comme tout est mal foutu chez nous.

Pour faire le plein, la pompe de 100LL ou UL91 ne prend pas la CB mais il suffit de sauter la barrière, et derrière (côté route pas piste) il y a une pompe de SP95 avec seulement 5% d'éthanol qui prend la CB, parfait, et beaucoup moins cher!

Par contre il faut prévoir un jerrycan souple.


Avec 100°C à la température d'huile contre 80°C en Norvège, il faut réduire les gaz et voler plus vite, du coup faire un peu de vol à voile pour monter, ce qui n'est pas compliqué car ça gonfle et par en cunimb par endroits.

Il faudra faire quelques évitements avant d'arriver à bon port.


Atterrissage à Bédarieux après un peu plus de 4 h de vol, largement dans les temps. J'aurais même le temps de lancer la vidange du moteur avant de partir.

Au final ça aura fait 9h30 de vol dans la journée, mais en étant peu actif, du coup journée assez ennuyeuse.


Bilan financier et quelques statistiques



C'est donc 55h45 de vol effectuées, pour environ 5 000 Nm parcourus, en 20 vols. 

Taxes d'aéroports au total: 161,32 EUR. 

Le plus cher, Bremmen, 1 nuit sur place et 47,79 EUR, essentiellement à cause des trajets avion-portail en navette facturés au prix fort. Mais l'hôtel était seulement à 70 EUR avec le petit déjeuner, moins cher qu'ailleurs.

Le moins cher, les terrains Avinor en Norvège grâce au weekly pass: 88,35 EUR pour une semaine, 14 atterrissages, soit 6,31 EUR par atterrissage. 


Hôtels/bouffe au total: 1094 EUR en 8 jours, la vie est chère en Norvège et j'ai souvent pris des hôtels pas mal. 

Essence: 1290,23 EUR au total soit environ 25 EUR par heure de vol. 

Coût total du voyage: 2545 EUR (320 EUR / j), ce qui reste pas donné pour un peu plus d'une semaine de vacances. 

Ça aurait par contre coûté probablement beaucoup plus cher sans les avions de René.


A prévoir pour la Norvège


Rien de particulier, les contrôleurs parlent parfaitement anglais et sont habitués à gérer des IFR, donc en VFR c'est très pratique d'avoir SkyDemon (ou un équivalent) qui donne les points de report VFR et aussi ceux des airways, il y en a partout, du coup c'est très facile de "parler carré" pour avoir une clairance.

Dans l'autre sens si on ne demande rien, par exemple au décollage si on se borne à indiquer sa destination, le contrôleur va indiquer des points VFR ou d'airways s'il n'y en a pas pour sortir de la CTR, donc c'est indispensable de les avoir sous la main.

En Allemagne à l'inverse les contrôleurs de SIV ne connaissent pas les point des airways.

Bien sur s'inscrire sur EuroFPL si c'est pas déjà fait, 10 FPL gratuits chaque mois, pour aller vite on peut relier des points sur SkyDemon et copier/coller la route sur EuroFPL, ça évite d'acheter des crédits SkyDemon.

Pour déposer gratuitement des plans de vols via le système Norvégien d'IPPC il faut s'inscrire un peu à l'avance le temps qu'il valident l'inscription (mais EuroFPL marche en Norvège). Pour les terrains PPR tout se fait sur internet, ça marche bien, quand il y a un Notam l'URL est dedans.

Sinon il y a un "VFR guide Norway" avec quelques infos (j'ai pas tout lu) notamment l'adresse mail à utiliser et les délais si vous voulez poser sur un aérodrome qui n'a pas de douane lors de votre arrivée, chercher sur google car il le rééditent chaque année.

Enfin, un rappel qui est quand même très important, la Norvège en avion léger c'est particulièrement sympa en volant bas, mais il faut vraiment être très vigilant par rapport aux lignes électriques. Elles sont dès fois dans des endroits très improbables. Un peu d'habitude aide, chercher toujours les poteaux avant la ligne, les traces de déboisement  sur les côtés quand il y a de la végétation...

En général quand les parois du fjord sont "à pic" les poteaux sont en haut, quand c'est juste des pentes parois ils sont à un autre endroit, il arrive aussi que les poteaux ne soient pas au même niveau.

Deux techniques pour éviter une ligne qu'on ne voit pas:

1) Voler au dessus du pylône le plus haut (si on en voit un seul, alors serrer ce pylône dans le plan horizontal car la ligne ne va pas partir verticalement, même si l'autre est beaucoup plus haut.

2) Descendre très bas, au niveau des bateaux (sûrement le plus sur par conditions météo marginales).

Est-ce que la ligne vous saute aux yeux sur la photo suivante? Ou est-ce qu'il vous faut du temps pour la trouver? Si elle vous saute aux yeux, imaginez avec le soleil de face, une verrière sale...


C'est un exemple de ligne "en biais" particulièrement piégeux

5 commentaires:

  1. Superbe voyage...ça fait rêver. Merci
    Fred (LFLY)

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  2. Magnifique voyage, et aussi superbe "compte rendu".
    Ça m'a rappelé en tous point les vacances en famille (2+2)....1980 ! ..., en voiture + camping et quelques "hüte".
    Mais là, c'est la classe. Sérieux, professionnalisme, et pugnacité.
    Félicitations.

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  3. Merci beaucoup pour ce partage ! C'est enrichissant et inspirant. Je suis jeune ppl, plus que l'anglais aéronautique à maîtriser et pourquoi pas un jour faire comme vous.
    Bons vols !

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  4. Merci beaucoup pour ce partage
    C'est excellent
    Bruno Savannah

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